jeudi 30 mai 2013

Deux trafiquants sauvés par leur jargon indécodable [17.05.2013]

Publié le 17 mai 2013 à 09h39 | Mis à jour le 17 mai 2013 à 09h39

Deux trafiquants sauvés par leur jargon indécodable

L'incapacité du ministère public à traduire le jargon... (Patrick Woodbury, Archives LeDroit)
L'incapacité du ministère public à traduire le jargon de présumés trafiquants de cocaïne visés par une importante enquête remontant à 2008, en Outaouais et dans l'Est ontarien, fait partie des éléments retenus par une juge de la Cour du Québec pour acquitter certains d'entre eux.
PATRICK WOODBURY, ARCHIVES LEDROIT

L'incapacité du ministère public à traduire le jargon de présumés trafiquants de cocaïne visés par une importante enquête remontant à 2008, en Outaouais et dans l'Est ontarien, fait partie des éléments retenus par une juge de la Cour du Québec pour acquitter certains d'entre eux.






Une des dernières pages de l'opération Croisière a été tournée, jeudi, au palais de justice de Gatineau. La juge Nicole Gibeault a acquitté deux des quatre hommes qui faisaient toujours face à des accusations de complot et de trafic de cocaïne.
Sur les quatorze accusés de l'Outaouais, dix ont plaidé coupable et ont reçu leurs sentences en 2009. Au total, 51 personnes - incluant des suspects de Montréal et de l'est de l'Ontario - ont été arrêtées pour avoir trafiqué des dizaines de kilos de cocaïnes.
Il ne restait que Roméo Agostini, Jacques Bourgeois, Claude Laroche et Lionel Perrier sur le banc des accusés, hier, au palais de justice de Gatineau. Leurs avocats Christian Deslauriers, Jacques Belley, Richard Legendre et Francis Boulais se sont vus refuser des requêtes en délais déraisonnables, en non-lieu et sur la Charte des droits et libertés, au cours des derniers mois.
Jacques Bourgeois et Claude Laroche ont été acquittés de complot et de trafic de cocaïne. Roméo Agostini a été trouvé coupable des deux mêmes chefs. Lionel Perrier a été acquitté sur le chef de complot, mais ne s'en est pas sorti sur l'accusation de trafic.
Un doute raisonnable
Les centaines d'heures d'écoute électronique ont permis d'établir certains faits concernant le vaste réseau démantelé. Mais elles n'ont pas suffi à dépeindre hors de tout doute raisonnable que Claude Laroche en faisait partie.
Dans sa décision d'hier, la juge Gibeault a dit très bien savoir que les présumés trafiquants «utilisaient un langage» dans leurs conversations téléphoniques. Mais le ministère public n'a pas pu démontrer clairement ce que voulaient dire les suspects, dit-elle.
«On parle de sept ou huit conversations. On parle du 'cheval 18'. On sait bien que les accusés n'ont pas une écurie en commun. On peut dire ce que l'on veut dans les couloirs, mais au niveau du droit, ce langage doit m'être expliqué. La Couronne n'a pas présenté d'expert pour décoder ce langage et elle a admis ne pas pouvoir le faire.»
Un des membres du réseau déjà reconnu coupable, Gérard Rodier, a témoigné dans cette affaire. Lui non plus n'a pas traduit ce langage, a souligné la magistrate.
La juge a par ailleurs reconnu Roméo Agostini coupable de complot et de trafic de cocaïne. «Je n'ai aucun doute qu'il a donné, en janvier 2008, un sac plein de drogue à Gérard Rodier. M. Agostini a livré plusieurs kilos de cocaïne», a-t-elle tranché.
Lionel Perrier risque aussi la prison, puisqu'il a été trouvé coupable de trafic de cocaïne. «Je ne crois pas son témoignage sur l'ensemble de la preuve, ni sa défense d'alibi», a dit la juge Gibeault.
Le tribunal a finalement acquitté Jacques Bourgeois sur les deux mêmes chefs que ses coaccusés, se disant incapable de conclure hors de tout doute raisonnable qu'il était bel et bien impliqué dans le complot et le trafic de cocaïne organisé par le réseau.
En juillet 2009, Valentino «Nino» Pollastrini, une des têtes dirigeantes dans la région, a plaidé coupable à deux accusations le liant au crime organisé et à de l'argent obtenu par le biais du crime. Ce dernier tirait les ficelles de l'organisation. Il a écopé 40 mois de pénitencier. Il est récemment sorti de prison.

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